L’état du marché du vin à Bordeaux en 2020

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écrit par Rémi Guérin
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Avec la succession crises économiques ces dernières décennies, on trouve des occasions d’en tirer des leçons – l’importance de la solidarité et de mieux gérer ses biens. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que les vignobles bordelais le fassent ?

Avec la fin de chaque crise, on se promet de ne plus faire les mêmes erreurs ou de prendre les choses pour acquises. Mais, en fin de compte, il se peut qu’on reprenne ses anciennes habitudes, et quand une crise survient, on se trouve dans le même cycle infernal.

La crise du vin dans le monde

A l’heure actuelle, la crise économique fait des ravages à l’échelle mondiale et des petites ainsi que des grandes propriétés en sont victimes. Malheureusement, on témoigne d’une exacerbation des clivages chez les vignobles français – où se trouvent les fondations de l’image bordelaise. Est-ce qu’ils vont arriver à s’en sortir pendant cette crise ?

Dégustation de vin de Bordeaux

Les statistiques sont sombres. Alors que la consommation du vin augmente partout dans le monde, pendant les dernières années, le marché du vin bordelais a vu ses chiffres chuter. Les nouveaux consommateurs, qui se trouvent en Asie, en Angleterre et en Amérique du Nord, tendent à être plus expérimentaux que la génération de connaisseurs précédant – ne considérant pas la France, et plutôt la région bordelaise, comme le seul distributeur du bon vin. Ils cherchent leur vin ailleurs, surtout puisque celui de la Californie et de l’Amérique du Sud sont de bonne qualité et se vendent souvent aux mêmes prix, voire moins chers, et que les vins français qui se vendent hors de nos frontières s’accompagnent de beaucoup de taxes et de couts d’expédition.

Pour autant, le problème les « Vins du Nouveau Monde  » est plutôt récent, et ne fait que s’ajouter aux clivages préexistants dans le marché des vins français. Certains reprochent les négoces, les courtiers et les importateurs, en bref, tous les intermédiaires de la production à la consommation qui augmentent le prix final. Pour quelques-uns, il s’agit d’un processus rigide et archaïque, incapable de s’adapter à un nouveau marché plus concurrentiel et stimulant. Pour les étrangers, les appellations bordelaises (requises pour chaque vin) sur les bouteilles sont souvent difficile à comprendre en comparaison avec les bouteilles du Nouveaux Monde.

Pourtant, faire un effort canalisé afin de remédier à ce problème parait difficile. C’est ici qu’on trouve les racines du problème – la diversité des vignobles de différentes tailles et de différentes régions les empêche de se mettre en d’accord sur des sujets tels que comment dépenser le budget des sociétés des négoces de vin ou comment attirer plus de consommateurs vers les vins français. Les tensions aboutissent à peu de résultat. Par exemple, l’ancien président du Conseil Interprofessionnel de vins de Bordeaux a donné sa démission suite à un échec de coopération entre les négociants et les viticulteurs après deux ans de discussion autour du Plan Bordeaux – qui avait visé à augmenter la vente des vins bordelais.

Bordeaux est toujours la capital du vin

Bordeaux capital du vin

Heureusement que Bordeaux peut toujours s’appuyer sur son image d’une « capitale du vin » pour attirer plus de consommateurs. Enfin, le marketing du vin bordelais représente 60 pour cent du budget du CIVB, soit 21 millions d’euros en 2008. L’industrie d’oenotourisme démontre les efforts de la part des vignobles pour s’adapter à un nouveau climat concurrentiel, tout en se rattachant à leur héritage traditionnel. Pourtant, pour que le vin de Bordeaux ne soit pas un lointain souvenir, il va falloir que des avancements se déroulent et que Bordeaux reprenne les rênes de ce marché globalisé dont ils ne sont plus les dirigeants.

Une chose est claire : On ne peut qu’espérer que cette crise économique encourage les viticulteurs bordelais à se présenter unifiés et solidaires, capable de maintenir leur tradition en s’adaptant aux exigences du marché. Et la réalisation de ce projet est vraiment une autre affaire.

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